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Ciboulette et ses deux mains gauches !
26 mars 2008

LE JOUR où MA GRAND-MERE RESSUSCITA.

C'est d'actualité en plus, mais dans la famille, ça nous a fait moyennement rigoler... Zêtes bien installés ??? Je vous préviens, c'est un peu long...

En mai 2001, débuta une série d'emmerdements divers et en tous genres, que si je les écrivais tous, je fais concurrence à la Pléiade...

Un après-midi, on frappa à notre porte... J'ouvrais (j'aurais jamais dû...) et dans l'encadrement de la porte se tenait un ancien collègue mili de M. Ciboulette, reconverti à sa retraite en clerc d'huissier, c'est à dire qu'il portait de porte en porte diverses assignations sources de soucis et de prises de tête...

Nous fûmes gâtés au-delà de toutes nos espérances...

Le copain, hyper-gêné, nous délivre trois assignations en obligation alimentaire pour une certaine Mme Anita X, qui se trouvait être, selon ladite assignation, ma grand-mère paternelle. Les trois assignations concernaient mes deux filles majeures et moi-même...

Bien que surprise, je ne me formalisais pas plus que ça : j'avais perdu Mémé Maria, ma grand-mère paternelle en janvier 2000 et je n'ai jamais connu ma grand-mère maternelle, laquelle est décédée quand ma maman avait à peine 8 ans... En plus, les assignations émanaient du Conseil Régional du Rhône, et je n'avais aucune famille là-bas et je n'y avais même jamais mis les pieds...

Persuadée d'avoir affaire à des homonymes, j'appelais confiante, les services qui nous traînaient en justice de si mauvaise façon, ce qui donna ceci :

Ciboulette : "Allo ? Bonjour Monsieur, je viens de recevoir 3 assignations en obligations alimentaires pour Mme Anita X, qui prétend être ma grand-mère paternelle, or mes deux grands-mères sont hélas disparues... Je pense qu'il doit s'agir d'une erreur..."

Le fonctionnaire : "Heu, vous êtes bien Mme X, fille de M. X, résidant à X ?"

Ciboulette : "Oui, tout à fait... comment de pareilles erreurs peuvent-elles se produire ???"

Le fonctionnaire : "Heu, Chère Madame, êtes-vous sûre que Mme Maria X était réellement votre grand-mère paternelle ???"

Ciboulette (choquée et gonflée) : "COMMENT ça ma vraie grand-mère ??? vous allez pas quand même me dire que je ne sais pas QUI était ma grand-mère non ???"

Le fonctionnaire : "J'entends bien Madame, j'entends bien... Mais, heu, il semblerait que vous ne soyez pas au courrant... Comment dire ? du passé de votre grand-père paternel... Voilà, il semblerait, Mon Dieu, ceci est délicat, voilà, il semblerait que Mme Anita X ait été votre grand-mère paternelle biologique..."

Ciboulette : "PARDON ??? ma grand-mère biologique ??? la mère biologique de mon papa ??? déjà ?? à cette époque ??? vous êtes sûr ???"

Le fonctionnaire : "Heu, tout porte à le croire Chère Madame. Le mieux serait peut-être de demander des éclaircissement à Monsieur votre père ? D'ailleurs, s'il ne l'a pas reçu, il ne devrait pas tarder à recevoir la même assignation que la vôtre, comme le reste de la descendance... biologique de Mme Anita X..."

Je raccrochais la tête à l'envers... Et appelais mon papa... Ce qui donna ceci :

Moi : "Allo Papa ??? ça va ? oui, moi ça va, enfin, ça pourrait aller mieux... Dis-moi, qui c'est Anita X ??? parce que tu vas rigoler, avec les filles, on a eu l'huissier à la maison qui nous réclame des tunes pour elle, elle dit qu'elle est ma grand-mère paternelle.. T'es au courant ??? Allo ??? Papa ??? t'es là ???"

Papa : "...................................................................."

Moi : "ça a coupé ??? PAPA T'ES PLUS Là ???"

Papa : "................ Je te rappelle dans un moment...."

Et il raccroche... Et me rappelle pour me raconter ceci (je vous préviens, c'est romantico-déjanté...)

En 1930, mon grand-père qui était un fort bel homme travaillait pour l'administration française et vivait en Tunisie qui était à l'époque un protectorat français... Comme il était méritant, ses supérieurs l'envoyèrent en mission en Cochinchine... Et le chemin pour aller de la Tunisie à la Cochinchine passait par .... Bordeaux d'où il devait s'embarquer... Il arriva à Bordeaux par un jour du joli mois de mai... et tomba sur Anita X qui elle, arrivait de Santiago du Chili, avec ses parents venus pour des histoires de pinard... Bref, ils sympathisèrent le temps que l'administration fasse les papiers pour le départ en Cochinchine, ils eurent même le temps de se "connaître bibliquement parlant"... et conçurent une petite fille... Mon grand-père entre temps était parti pour ces lointaines contrées... Et revint en 1932... toujours par Bordeaux... où Anita et la petite Yolande l'attendaient... Mon grand-père fut très content, il aimait toujours Anita, et pour fêter les retrouvailles, ils conçurent... mon pôpa....

Mon grand-père trouva que la situation était beaucoup trop moderne et le concubinage et les enfants hors du mariage, c'était pas le genre de l'administration où il travaillait... Il ramena donc en Tunisie, Anita très enceinte et Yolande et "régularisa" la situation aux yeux de l'administration et de notre Sainte Mère l'Eglise Catholique Appostolique et Romaine...

Bougez-pas, je reviens vous raconter la suite tout de suite...

Pendant ce temps, en Lombardie, province italienne comme chacun le sait.. Vivaient Maria et ses deux enfants... Or, Maria était une très belle femme (Anita d'ailleurs aussi...), mais avait un très mauvais caractère (Anita aussi, comme cette histoire nous le prouve...). Un jour de grande colère, elle se fâcha avec son mari, et comme le divorce était INTERDIT en Italie, elle prit ses cliques et ses claques pour............. la Tunisie où elle prit la nationalité française et  divorca de son mari...

Et, Maria et ses deux enfants s'installèrent dans la maison voisine d'....... Anita et ses trois enfants (oui, un n° 3 était né, quand on aime, on compte pas...)

Or, il se trouvait qu'Anita, était, comment dire, un peu "artiste" sur les bords et en tous cas, très, très bohème... Ce n'était pas une mauvaise mère, mais disons, qu'elle était pas douée pour le quotidien... Et prit l'habitude de confier sa progéniture à Maria, devenue son amie, des journées entières pour aller peindre ou lire tranquilou sur la plage de Tunis...

Et Joseph (le prénom de mon grand-père) trouvait que Maria était vraiment une voisine des plus complaisantes, et des plus charmantes ce qui ne gâtait rien...

Et ce qui devait arriver, arriva... Au début, les amoureux clandestins se cachèrent de leur mieux... C'est ainsi que j'appris que Mémé Maria se déguisait en fatma avec le couffin sur la tête pour aller à ses rendez-vous d'amour...

Mais bien sûr, comme de bien entendu, de braves coeurs et des langues de vipères apprirent à Anita son infortune... Ce qu'elle n'apprécia pas du tout ! Son sang chilien ne fit qu'un tour, elle reprit ses 3 mômes sous le bras, se drapa dans sa dignité bafouée et quitta le domicile familial, elle demanda le divorce sur le champ (on était très moderne dans la famille...)... et s'installa quelques temps à Carthage... Elle obtint le divorce en juin 1940.

Seulement 3 mômes en continu, alors qu'elle ne les avait eus qu'en pointillés, Anita eut du mal... C'est ainsi, qu'un beau jour, elle ramena, mon père et son frère chez leur père (entre temps installé et marié à Maria...)...................... et reprit avec sa fille, le bâteau pour la France en 1957... année de ma naissance...

Et plus personne n'en entendit jamais parler...

J'ai appris que mon père avait tenté à de multiples reprises de la retrouver, de lui écrire, de renouer le lien filial, mais toutes ses tentatives furent vouées à l'échec...

Nous fûmes donc obligés de nous défendre. Une avocate, amie de ma cousine, se chargea de nos intérêts... L'indignité maternelle de ma grand-mère fut reconnue par le Tribunal des Affaires Familiales de Lyon... Mon pauvre papa et mon oncle furent bouleversés de retrouver leur soeur à l'occasion de ce procès (ils ne l'avaient revue depuis 1943... Elle n'eut aucun geste affectueux vis-à-vis d'eux...)

Anita est décédée l'été 2007 sans avoir jamais revu ses fils, ni connu ses petits-enfants et arrières-petits-enfants...

Des fois, je me dis, que de là où elle est, elle se dispute peut-être avec Joseph et Maria qui l'ont précédée de quelques années et que le Bon Dieu doit pas rigoler tous les jours ;)

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Commentaires
L
De quoi faire un best seller ! Depuis le temps que je le dis : Cibou, dépose tout de suite tes manuscrits à la Société des Auteurs! Tu vas donner des idées à des romanciers ! On va finir par retrouver ton histoire familiale sur les écrans et autant que les royalties tombent dans votre poche ! Cela vous aidera s'il y a encore un huissier chinois !!!<br /> Grosses bises.<br /> <br /> PS : je bosse demain ! J'avais oublié un RV important dans une école ! Peut-être une virée nocturne ???? Me faudrait un de ces courages en fin de semaine !<br /> Je te bipe ou je te maile ou je te phone !
C
les tribunaux en sont pleins. Et pour corser le tout, on a notre gendre et sa soeur qui sont obligés de prendre conseils auprès d'un notaire pour essayer de ne pas "hériter" de la dette éventuelle de leur mère... En, effet, celle-ci a épousé un divorcé (ancienne loi) et lui, il donne une rente viagère à son ex... Si jamais, il lui arrive quelque chose, c'est sa femme qui "hérite" de son ex, et s'il arrive quelque chose à elle, ce sont ses enfants... Puisque tu hérites autant de l'actif que du passif... Bref, un vrai b....l<br /> Mais des obligations alimentaires pour un ascendant, ça se voit tous les jours...
M
Un truc de malade, tu crois que çà arrive que dans les livres, j'en reviens pas, je l'ai lu deux fois pour m'en remettre !!!
M
Méfie toi Ciboulette tu vas retrouver tes histoires sous la signature d'un grand romancier sous peu !!!!! Il va venir te "pomper" et "copier ton style" tous les jours ceci en plus de prendre de bons fou-rires chaque jour comme nous.<br /> Bisous<br /> A + pour le prochain épisode.
A
Je dois avouer que j'ai bien rigolé moi aussi à la lecture de cette "mésaventure" familiale... <br /> <br /> Ah là là, enfin au moins vous n'avez pas du payer de pension !
Ciboulette et ses deux mains gauches !
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