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Ciboulette et ses deux mains gauches !
8 mai 2008

QUAND MEME MARIA FAISAIT DE LA RESISTANCE...

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En ce jeudi 8 mai, jour anniversaire de l'armistice du 8 mai 1945, laissez-moi vous conter ici, les aventures de Mémé Maria.

On ne le sait peut-être pas toujours, mais la Tunisie fut également occupée par les troupes allemandes durant la seconde guerre mondiale, et fut l'un des tous premiers pays à être libéré par les Alliés.

Quelques semaines avant le débarquement, des parachutistes étaient souvent largués au-dessus de Tunis afin de préparer les opérations et d'entrer en contact avec la Résistance locale.

Mes grands-parents, (Joseph avait épousé Maria depuis 3 ans déjà... tout le monde s'en souvient !) et leur famille recomposée, habitaient une grande maison dans Tunis avec, comme toutes les maisons du Sud, des toits en terrasses. Terrasses, qui bien souvent communiquaient entre elles.

La vie était rythmée par quelques alertes, quelques bombardements, et tout le monde attendait patiemment des jours meilleurs. Par une belle nuit d'été sans lune, la maison paisiblement endormie, fut réveillée par les hurlements des sirènes et............... un bruit épouvantable parvint des terrasses.

Tout le monde se lève en catastrophe, Joseph fait descendre les femmes de la famille au rez-de-chaussée, saisit son arme et suivis de ses fils, beau-fils et neveux, monte sur la terrasse pour constater la cause d'un pareil charivari et découvre................. UN PARACHUTISTE ANGLAIS largué sur sa terrasse tout à fait par hasard : "Royal Air Force Royal Air Force" murmure le malheureux craignant pour sa vie.

Vite fait, bien fait, on le déséquipe, on planque le parachute trop voyant, on le jette dans les escaliers et on l'installe dans la salle à manger familiale. Joseph fait remonter les femmes de la famille et malgré le tragique de la situation, n'en reste pas moins gentleman et fait les présentations. Mémé Maria salue à son tour et l'assure de sa parfaite sécurité en ces lieux. Et, la nuit n'étant pas terminée, tout le monde retourne se coucher sans plus de cérémonie.

Le lendemain, Mémé Maria et sa fille, décident de partir au marché, pour préparer un bon repas et faire honneur à leur hôte. Occupés peut-être, mais il convient de ne pas faillir aux règles d'hospitalité de la famille. Une fois trouvés tous les ingrédients de son couscous aux poissons, Mémé Maria et ma tante reprennent le chemin de la maison...... C'est là, que ça se gâte :(

Alors qu'elles remontent la rue jusqu'à chez elles, elles tombent nez à nez avec......... un officier allemand !!! Comme jamais, on n'avait vu l'ombre d'un uniforme allemand dans cette rue depuis le début de la guerre, Mémé Maria est persuadée qu'il ne peut s'agir d'une coïncidence, elle manque de défaillir et de laisser choir ses couffins. Yvonne, sa fille, sent sa tension virer au rouge.

Les voyant si lourdement chargées l'une et l'autre, l'officier allemand se plante devant elles, claque un salut des plus militaires, les déleste l'une et l'autre de leurs paniers et hop............ leur propose de les raccompagner à leur domicile !!!

Mémé Maria tente de garder bonne figure, remercie leur chevalier servant et c'est les guiboles flageolantes qu'elles reprennent le chemin de la maison. L'officier allemand est décidément très urbain, et se montre des plus charmeurs avec Yvonne qui fait contre mauvaise fortune bon coeur et lui fait la conversation, tandis qu'elle soutient sa mère au bord de la syncope.

La maison familiale est à présent en vue. Mon père et mes oncles postés sur les terrasses "au cas où" aperçoivent au loin le trio : Mémé Maria et Yvonne blanches comme des savons de Marseile et leur escorte quelque peu incongrue. Branle-bas de combat : sitôt prévenu, Joseph fait disparaître le parachutiste anglais dans la cave derrière les sacs à charbon, demande aux femmes de la famille de faire le maximum de bruit, et de vaquer à TOUTES les opérations ménagères, au besoin d'en inventer ! les garçons sont priés de se disputer en jouant à la belote, bref de FAIRE COMME SI DE RIEN N'ETAIT tandis que Joseph et ses fidèles chauffeur et jardinier échafaudent des plans pour faire "disparaître" l'intru si besoin était...

Mémé Maria, Yvonne et l'officier allemand sont  à présent dans l'escalier et montent jusqu'à l'appartement, Mémé Maria invoque la protection de tous les Saints du Paradis sur sa famille et Yvonne fait de son mieux pour continuer à deviser poésie tout en essayant de maîtriser les battements de son coeur.

Les voilà maintenant sur le palier, puis sur le paillasson : Mémé Maria et Yvonne liquifiées, l'officier allemand sous le charme et......... les couffins contenant le couscous familial. Les portes dans les pays méditarranéens étant toujours ouvertes, la scène qui s'offre à l'officier allemand n'en est que très banale, et ne lui laisse pas à soupçonner qu'il a mis les pieds dans un nid de résistants : les femmes s'activent aux tâches ménagères, les garçons se disputent en s'arrachant les cartes, Joseph remercie dans un rictus l'officier allemand de sa peine et.... pour parfaire la situation.... lui offre un sirop d'orgeat !!!

C'est dans un demi-coma que Maria se plie à ses devoirs de maîtresse de maison : chancelante, elle se dirige vers le buffet, sort ses plus jolis verres, sert le sirop d'orgeat et tend les verres à la ronde. Yvonne devisant toujours poésie sous les yeux de ses frères et cousins stupéfaits.

L'officier allemand boit son verre d'orgeat, remercie, reprend sa casquette sous le bras, baise la main de Mémé Maria et d'Yvonne (qui ne sont plus que l'ombre d'elles-mêmes), claque des talons à faire tomber la barraque et prend ENFIN congé, toujours sur fond de bruit ménagers et de disputes.

Il sort de l'appartement, redescend les escaliers, sort dans la rue et s'éloigne. Sitôt sur le trottoir, mon père, ses frères et ses cousins sont réexpédiés sur les terrasses pour observer s'il ne lui viendrait pas l'idée saugrenue de revenir sur ses pas.

Pendant ce temps, Joseph tente de ranimer Maria, à present complètement et parfaitement évanouie !!!

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TUNIS FUT LIBERE LE 07 MAI 1943 par les troupes du Général Leclerc, 2 ans presque jour pour jour, avant la fin de la seconde guerre mondiale.

 

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Commentaires
M
Merci pour la très jolie carte postale du Théâtre de Brissac. Ce fut une belle surprise dans ma boîte aux lettres. Hiiii Gros gros bisous.<br /> Maxence
M
Faut sortir de ton dressing!
T
C'est une jolie histoire que tu nous racontes là, mais alors quelle trouille elle a eu mémé ! heureusement, elle a tenu bon jusqu'au départ de l'officier !
M
Aussi haletant, dans un autre genre, que le feuilleton du mariage. Bonne journée.<br /> PS As-tu trouvé les cintres?
C
Coucou ma belle, j'ai lu sur l'ancien forum que question était partie. Est-ce qu'elle est ici? As-tu le détail de toutes les copinautes qui ont migré ici? Tu me donnes les noms STP que j'aille les voir?<br /> Gros becs
Ciboulette et ses deux mains gauches !
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