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Ciboulette et ses deux mains gauches !
5 mars 2008

Souvenirs, souvenirs...

Il revient à ma mémoire des souvenirs oubliés... Du temps où Ciboulette portait l'uniforme cher à la cavalerie : jupe écossaise, chemisier col claudine ou à frous-frous (relevé, le col, s'il vous plaît, merci...), le collier de perles à trois rangs, le foulard LR ou Hermes, le serre-tête en velours, les boucles d'oreilles à perles, et le petit sac bleu marine portant petit mors de cheval porté sur le bidon... Si, si, fut un temps où je fus habillée de la sorte...

Un soir, M. Ciboulette revint avec un carton d'invitation libelé ainsi : "Le Colonel et Mme de Machinchose seront heureux de vous recevoir pour un dîner-tapis le ..... à...."

Keqcekça "dîner-tapis" ??? que je demande à M. Ciboulette qui découvre en même temps que moi l'invitation en question ... "Chais pas... demain je me renseigne et je t'appelle"...

Le lendemain, M. Ciboulette s'inquiète auprès de ses camarades sous-off... Et chacun de faire part de son ignorance en matière de "dîner-tapis".... Après maintes supputations toutes plus débiles les unes que les autres, nous voilà arrivés au jour J.

Comme il ne s'agit pas d'aller cantiner à la cafét de chez Edouard, on s'habille : épouses en tailleur et messieurs en costumes/cravattes... On dîne chez le Colonel, tout d'même... Plantons le décor : vieille maison, très, très vieille maison. Salon avec meubles de famille, gravures "cavalerie", fanion et queue de cheval du chef de corps dans un angle du salon, moults photos de Mme et Monsieur en mariés, avec 1,2,3,4,5,6,7 et ... 8 petits (ils en avaient 8...), timbales de baptême dûment astiquées et exposées sur un plateau, bref tout très bien...

On papote, les jeunes lieutenants célibataires jouent les jeunes filles de famille et font passer les plateaux de petits fours "maison" en essayant de ne pas trébucher sur les gamins de la maison excités comme des puces qui gambadent dans nos guiboles en pyjama vichy bleu pour les garçons, et vichy rose pour les filles...

Et tout le monde de continuer à s'interroger du regard sur le "dîner-tapis".

Jusqu'au moment M. Madame, triomphalement et sûre de son effet, pousse les paravents qui cachaient les tables et crie à la cantonade "Et maintenant, tout le monde se sert et trouve une petite place sur LES TAPIS pour pique-niquer !!!"

Les jeunes lieutenants se ruent à l'assaut... Les sa.............. eux savaient de quoi il retournait et maîtrisent parfaitement la manoeuvre : d'une main une assiette en carton et couverts en plastique, de l'autre le verre, hop je me sers et hop je m'installe sur un bout de canapé resté libre... tout ça, sous les regards perplexes du reste des invités... Et justement, il se trouve que M. Ciboulette et ses vieux camarades ne supportent pas de dîner autrement que sur une table dûment garnie et prévue au confort d'un repas bourgeois. Le pique-nique sur les tapis de leur chef de corps, zétaient pas entraînés et leurs femmes encore moins... Mais ce que peux faire un jeune lieutenant, un vieux sous-officier peut le faire...

Le problème fut de se servir sans se couvrir de ridicule et de sauce... En effet, l'assiette en carton s'est difficilement prévue pour la dégustation d'un poulet basquaise... Au bout de 10 minutes, l'assiette pliait façon tortillas mexicaine rendant encore plus difficile le découpage dudit poulet avec des couverts en plastique dépourvus de lame digne de ce nom et de pointes de fourchettes complètement émoussées... Le tout en position peu distinguée, qui sur la moquette, qui sur le carrelage, qui sur le tapis...

Le fou-rire commence à nous prendre à la vue des dames tirant désespérément sur leur jupette rendue au milieu des cuisses et des messieurs tentant de ne pas saucer avec leur cravatte club !

Le fou-rire et.... la moutarde commence à monter aux nezs de certains-certaines... Et l'on entend par çi, par  là : "la prochaine fois, son carton le colon, il se le met là où je pense" "fallait le dire qu'on leur avait piqué les tabourets, on aurait emmené les nôtres..." "si j'avais su j'aurais eu la grippe" "si j'avais su, je serais venue en survet, ça m'aurait évité de montrer mes jambons de Bayonne à tout l'escadron..." et patati et patata...

Notre parcours du combattant n'est pas terminé... Une fois servis et  vautrés tant bien que mal, faut se relever... Pour nos hommes, point trop de problèmes, sportifs comme ils le sont... Mais nous ??? et là, plus de 10 ans après les larmes me montent encore aux yeux en revoyant le spectacle hilarant, d'une de mes pauvres amies, dodue, aux formes généreuses tentant désespérément de se relever discrètement et dignement. Elle roulait la malheureuse d'une fesse sur l'autre, façon culbuto, tentant de s'accrocher à quelque chose qui aurait pu venir l'aider à la manoeuvre, en fut réduite à supplier notre aide : deux qui tirent par les bras, deux (dont moi) qui se mettent à genoux (paire de collants bouzillés...) derrière la pauvrette, tentant de pousser de toutes leurs forces pour faire soulever son popotin, ne fût-ce que d'un centimètre (je passe sur les commentaires du style "Cocotte, demain on te met au régime" "tu devrais arrêter le nutella à 4 heures.." etc, etc...)  et finalement nos hommes alertés par nos gloussements et nos fous-rires arrivant à la rescousse pour rétablir notre amie dans une position verticale et digne...

Je garde de cette soirée un souvenir ému et réjoui... Quelle épouse de chef de corps peut prétendre avoir fait bidonner tout un escadron, bouziller 30 paires de collants, autant de cravattes et être à l'origine de quelques scènes de ménages "La prochaine fois, tu te renseignes quand on est invité" "la prochaine fois, tes invitations, tu les oublies" "quand je pense que t'es pas fichu de m'inviter au resto et que tu me traînes dans des trucs pareils..." etc, etc...

Mais mon Dieu, qu'est-ce que j'ai ri ;)

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Commentaires
A
Bonjour Ciboulette, c'est la première fois que je viens sur ton blog et tu es la deuxième à me faire rire aux larmes ! La première c'était Belette avec son billet sur les gens qui venaient cueillir son buis pour le vendredi saint + les com qui s'ensuivaient. J'imagine très bien la scène sur le tapis...merci pour cet excellent moment de détente !
C
ho la la ! c'était de mon temps tout ça ! ya si longtemps ! des bons souvenirs de franche rigolade... alors ? à quand le dîner tapis chez la Mère Gigogne ???
M
original,un diner tapis,ça m'a l'air bien moins sopo qu'un pince- fesses,ou tu tiens ta flute de champ tte la soirée pour te donner de la contenance,en comptant chaque minute qui passe!
C
Alors, comme ça toi aussi, tu joues au jeu du "je me souviens" ???<br /> Gros becs
P
MA cibou... la crise de rire... j'imagine tout à fait la scène, mouarf.... je me doute que ça te rappelle de bons souvenirs..... <br /> <br /> c'était pas la même soirée avec les jupes longues et la danse zarbi ??? où tu nous avait montré une photo savoureuse lol ?? <br /> <br /> Bizouxxxxxxx j'espère que ta santé est meilleure !!! et ton dressing ???
Ciboulette et ses deux mains gauches !
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