Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Ciboulette et ses deux mains gauches !
29 juillet 2008

LE CAMP DE TRANSIT DE MONTREUIL-BELLAY... l'antichambre de l'horreur

pour les gens du voyage...

Montreuil-Bellay 1940-1945


Un camp de concentration pour les Tsiganes


pendant la Seconde Guerre mondiale

Le camp de concentration de Tsiganes de Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire, France), dans le sens premier du terme « concentration » qui était celui employé pendant la Seconde Guerre mondiale, fut ouvert le 8 novembre 1941, conséquence directe du décret signé le 6 avril 1940 par Albert Lebrun, dernier président de la 3ème République. Il était destiné à rassembler  tous «individus sans domicile fixe, nomades et forains, ayant le type romani», Manouches, Gitans, Roms, Sintés. Ces Tsiganes, par familles entières, venaient d’une multitude de petits camps ouverts en France dès 1940.

Ce 8 novembre 1941, ils étaient 250, transférés du camp de la Morellerie (commune d’Avrillé-les-Ponceaux en Indre-et-Loire). Le 2 décembre, en arrivaient 213 nouveaux interceptés dans les trois départements de la Bretagne de l’Ouest. Pour ne citer que les entrées les plus importantes : 756 du camp de Mulsanne (Sarthe) le 3 août 1942, dont quelque 80 clochards raflés à Nantes ; 56 du camp de Rennes, le 5 août ; 304 du camp de Poitiers (Vienne), le 27 décembre 1943. L’effectif maximum fut atteint en août 1942 avec 1096 internés.

Le camp comportait deux parties distinctes : des baraques en planches sur pilotis pour le logement des internés ; des bâtiments en maçonnerie pour les cuisines, le réfectoire, les écoles, la chapelle, etc., et pour loger des internés à partir d’août 1942. Il y faisait très chaud l’été et très froid l’hiver, l’ensemble étant construit sur une plaine exposée dénuée de toute végétation. Seules les écoles et la chapelle étaient régulièrement chauffées. La prison était un abri souterrain, cave d’une ferme qui avait brûlé au début du siècle.

Les internés n’exerçaient aucune activité en dehors de corvées pour aider aux cuisines, pour quelques femmes, ou pour aller couper du bois, pour des hommes. 

Jusqu’en janvier 1943, les nomades furent gardés exclusivement par des gendarmes français ; ensuite par des gendarmes et des jeunes gens de la région qui échappaient ainsi à la « Relève forcée » puis au STO (Service du Travail Obligatoire) en Allemagne.

En juin et juillet 1944, le camp fut sévèrement bombardé par les alliés qui avaient sans doute appris qu’un atelier de confection de filets de camouflage pour l’ennemi avait fonctionné dans des baraquements.

De nombreux internés furent victimes des difficiles conditions de vie à l’intérieur du camp qu’aggravaient une nourriture toujours insuffisante et de peu de valeur énergétique ainsi qu’une hygiène déplorable. Principalement les personnes âgés et, en 1944 les nouveaux-nés que ne pouvaient suffisamment nourrir des mères elles-mêmes sous-alimentées. Les bombardements alliés noircirent encore le tableau.

Si, pour les Angevins, la Libération intervint fin août 1944, il n’en fut pas de même pour les Tsiganes qui ne quittèrent Montreuil[1] que le 16 janvier 1945… pour être expédiés sans autre forme de procès dans d’autres camps : celui de Jargeau (Loiret) et d’Angoulême (Charente) où certains restèrent jusqu’en juin... 1946 !

Quelque 3 à 4.000 Tsiganes séjournèrent ou transitèrent par le camp de Montreuil-Bellay considéré comme ayant été le plus important de France pour cette population nomade.

Enfin, le 22 octobre 1946, toutes les installations, sauf la prison, furent vendues aux enchères par les Domaines et démontées. Restaient les ruines impressionnantes des marches et des fondations des bâtiments en maçonnerie, les colonnes du poste de garde devant l’ancienne entrée, et un bâtiment complet.

Le terrain appartenait et appartient toujours à un pharmacien du bourg. Il sert depuis plus d’un demi-siècle de pacage pour des animaux qui piétinent les ruines envahies par les herbes.

                        

                                    

Depuis plus de 20 années, Jacques Sigot se bat dans l’indifférence quasi générale pour essayer de sauver ce lieu de mémoire. Dernièrement, des ruines ont disparu sous le faux prétexte de la création d’un rond-point routier ou de l’élargissement d’une route qui ne les condamnaient pas, et en particulier le seul bâtiment subsistant et les colonnes du poste du garde. En 2004, un nouveau projet de rond-point demandait la suppression de la prison souterraine, le seul vestige intact.

Une partie du site pourrait être sauvée et revalorisée : le quadrilatère compris entres les routes Panreux/Méron, Loudun/Montreuil, les pointillés et la voie ferrée Poitiers/Angers, soit environ 1, 5 hectare.

Aujourd’hui, au-delà de la stèle érigée en 1988 près de la prison, un véritable devoir de mémoire s’engage pour sauver et protéger ce site, même s’il rappelle des événements peu glorieux. L’association entend faire de ce lieu un enjeu mémoriel pour les générations à venir.


[1] En janvier 1945, l’on avait besoin du site de Montreuil-Bellay pour de nouvelles victimes de cette guerre qui n’en finissait pas, et le 20, arrivèrent du camp du Struthof, 796 civils allemands, dont 620 femmes et 71 enfants, arrêtés dans l’Alsace reconquise par l’armée du général Leclerc.

   D'après la source Chemin de mémoire

_______________________________

Camp d'Internement pour les Tsiganes, Montreuil-Bellay (49)

Un camp pour les Tsiganes… et tous les autres

Le camp de Montreuil-Bellay, considéré comme l'un des plus importants lieu d'Internement pour Tsiganes fut, à l'origine, une cité construite entre janvier et juin 1940, destinée à loger le personnel d'une poudrerie installée aux abords de la ville par le ministère de la Guerre

- De l'arrivée des allemands à Montreuil-Bellay le 21 juin 1940 jusqu'en mars 1941, le site devint un stalag que l'occupant fit entourer de barbelés et dans lequel il interna les militaires interceptés sur les routes, et des civils d'une quinzaine de nationalités différentes, dont les ressortissants britanniques de l'Ouest de la France. Hitler s'enlisait alors dans l'incertaine Bataille d'Angleterre. Ce fut la seule période au cours de laquelle le camp fut administré par l'ennemi. Après la libération de la plupart des civils, les soldats français furent envoyés en Allemagne comme prisonniers. Les célibataires anglais furent envoyés dans un camp à Saint-Denis, près de Paris, où ils restèrent jusqu'en août 1944 ; les couples furent tenus à résider sous surveillance dans des hôtels de Vittel.

Cérémonie 2004 sur le site du camp d'internement de Montreuil Bellay
Cérémonie 2004 sur le site du camp d'internement de Montreuil Bellay. Photo Jacques Sigot

- Du 8 novembre 1941 au 16 janvier 1945, la France fit du site de Montreuil-Bellay un camp pour «individus sans domicile fixe, nomades et forains, ayant le type romani». Ils étaient Manouches, Gitans, Roms, Sintés, et plus généralement Tsiganes, terme que nous employons aujourd'hui mais que les intéressés refusent. De « type romani », confirme, en tous les cas, le caractère raciste de la mesure. Ces Tsiganes, par familles entières, venaient d'une multitude de petits camps ouverts suite à la loi du 6 avril 1940 signée par Albert Lebrun, dernier président de la 3e République, loi qui stipulait que ces nomades devaient être rassemblés dans des communes désignées sous surveillance de la police et qui fut appliquée avec zèle par Vichy.

Furent aussi internés à Montreuil des clochards arrêtés dans les rues de Nantes au début de l'été 1942, et qui disparurent quasiment tous avant la fin de l'hiver qui suivit.

Jusqu'en janvier 1943, les nomades furent gardés exclusivement par des gendarmes ; ensuite par des gendarmes et des jeunes gens de la région qui échappaient ainsi à la « Relève forcée » puis au STO (Service du Travail Obligatoire) en Allemagne.
En juin et juillet 1944, le camp fut sévèrement bombardé par les alliés qui avaient sans doute appris que l'on avait un temps fait confectionner par les internés des filets de camouflage pour l'ennemi. La clôture et des baraquement ayant été très endommagés, les nomades furent conduits dans un second lotissement de l'ancienne poudrerie, quelque trois kilomètres à l'est le long de la nationale Angers/Poitiers. .

Première quinzaine de septembre 1944, furent parqués derrière les barbelés désertés du camp principal, 30 Italiens et 145 soldats vaincus du Reich, dont 107 Géorgiens, Russes « blancs » fidèles à l'ancien régime qui avaient espéré que Hitler vainqueur leur rendrait leur Tsar.

Puis ce fut le tour des collaborateurs locaux, eux-mêmes bientôt transférés dans le camp de Châteaubriant pour échapper au triste sort que leur réservaient des compatriotes avides de vengeance et de défoulement.

Enfin la Libération, mais pas pour les internés de Montreuil

Les Tsiganes réintégrèrent les baraquements du camp principal début octobre 1944. Si, pour les Angevins, la Libération avait brisé les chaînes de l'occupation, pour eux, la guerre n'était pas terminée, et ils ne quittèrent Montreuil que le 16 janvier 1945… pour être expédiés sans autre forme de procès dans ces autres camps de Jargeau et d'Angoulême où certains restèrent jusqu'en juin... 1946 !
C'est qu'en janvier 1945, l'on avait besoin du site de Montreuil-Bellay pour de nouvelles victimes de cette guerre qui n'en finissait pas, et le 20 janvier, arrivèrent 796 civils allemands, dont 620 femmes et 71 enfants, arrêtés dans l'Alsace reconquise par l'armée du général Leclerc, internés dans un premier temps dans l'ancien camp nazi du Struthof. Beaucoup périrent au cours des mois de l'hiver, suite au voyage en wagons à bestiaux pendant trois jours de l'Alsace à l'Anjou et vu les conditions matérielles lamentables de leur hébergement dans des baraquements en partie ruinés. Beaucoup d'entre eux étaient très âgés. En novembre 1945, un nouvel hiver s'annonçant, on précipita leur transfert dans le camp moins dur de Pithiviers (Loiret).
Au printemps 1946, un escadron d'un régiment de Chasseurs d'Afrique de l'armée française les remplaça pendant quelques mois, mais les barbelés et les miradors avaient disparu.
Enfin, le 22 octobre 1946, toutes les installations, sauf la prison, une cave souterraine d'une ferme qui avait brûlé au début du siècle, furent vendues aux enchères par les Domaines.

Restent aujourd'hui quelques ruines de marches et de fondations, et une stèle dont la plaque commémorative, dans son laconisme officiel, ne dit rien, ou si peu, de toutes ces souffrances si longtemps occultées et non encore toutes reconnues ni assumées.

Vestiges de la prison du camp
Vestiges de la prison du camp. Photo Jacques Sigot

Un camp sauvé de l'oubli 

Ce camp, comme tous les innombrables autres en France qui avaient interné des Tsiganes pendant la Seconde Guerre mondiale, était tombé dans l'oubli. Pour Montreuil-Bellay, je puis l'expliquer d'une certaine manière. Dans les années 1950, un second site, qui porta le même nom de « Camp de Méron », s'est installé exactement à la limite des barbelés abandonnés : un immense dépôt de matériel américain dans lequel travaillèrent plus de 1500 personnes de la région, ce qui fut une bénédiction économique pour elle jusqu'au renvoi par de Gaulle de ces nouveaux « occupants ». Le second camp avait escamoté le premier dans la mémoire des Angevins.
Et c'est parce que j'étais devenu ce que l'on appelle gentiment « un historien local » que je découvris l'ancien camp à la fin des années 1970. Christian Bernadac, dans son ouvrage L'Holocauste oublié (Editions France-Empire, 1979), a bien évoqué l'existence de quelques-uns de ces camps, dont celui de Montreuil-Bellay, mais il en a fait des camps nazis antichambres des camps de la mort, ce qu'ils n'étaient pas. Il a surtout recopié des rapports retrouvés dans différents services des Archives départementales sans toujours les confronter à la vérité. Ainsi, quand il relate le drame des nombreuses morts à Montreuil au cours de l'automne et de l'hiver 1942, il écrit que c'étaient des Tsiganes alors que c'étaient presque exclusivement les clochards raflés à Nantes au printemps.
Il est quand même surprenant qu'aucun historien ne se soit intéressé à cette histoire des camps français pour les Tsiganes… ce que certains firent longtemps après la parution de la première édition de mon ouvrage en 1983. Le hasard de mon installation comme instituteur dans le Montreuillais m'avait permis de recueillir une masse énorme de témoignages oraux irremplaçables avant qu'il ne soit trop tard, parce que les anciens internés n'avaient jamais écrit sur cette période.
Il me fut également très difficile de présenter mon travail à la presse nationale indifférente, et seule la régionale m'a aidé. Nouvelle difficulté pour faire ériger la stèle commémorative sur le site, la première pour un tel camp. Je fus secondé par Jean-Louis Bauer, dit Polouche, interné à Montreuil à 12 ans, après avoir connu Mérignac (Gironde) et Poitiers (Vienne), avant d'être transféré à Jargeau (Loiret) qu'il ne quitta que le 23 décembre 1945. Même cette stèle, sur laquelle fut refusée l'évocation des autres internements, fut acceptée à la condition que nous en couvrions les frais !

Chaque année, le dernier samedi d'avril, a lieu au pied de cette stèle une cérémonie nationale officielle en hommage aux Tsiganes victimes de la Seconde Guerre mondiale.

Depuis ces dernières années, des ruines ont disparu sous le faux prétexte de la création d'un rond-point routier ou de l'élargissement d'une route qui ne les condamnaient pas. En ce moment, nous craignons la création d'un second rond-point qui demanderait la suppression de la prison souterraine, une ancienne cave de ferme qui a brûlé vers 1908, le seul vestige intact de cet ancien camp.

Le devoir de Mémoire exige qu'un tel lieu soit protégé, même s'il rappelle des événements peu glorieux.

Stèle commémorative du camp
Stèle commémorative du camp. Photo Jacques Sigot

Le camp est tombé complètement dans l’oubli, aussi bien pour la population que pour les historiens qui ne se sont jamais intéressés à ces camps créés et administrés par les autorités françaises, jusqu’à ce que Jacques Sigot, instituteur et historien local publie un premier ouvrage en 1983. Avec Jean-Louis Bauer, un ancien interné, il réussit à faire accepter une stèle sur le site, stèle dont il dut assumer le financement avec des amis. Chaque année, depuis 1990, le dernier samedi d’avril, a lieu sur le site une cérémonie nationale officielle en hommage aux Tsiganes victimes de la Seconde Guerre mondiale.

Publicité
Publicité
Commentaires
Ciboulette et ses deux mains gauches !
Publicité
Archives
Ciboulette et ses deux mains gauches !
Publicité